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Emploi en débandade : à qui profite la crise ?

par Maurice Magis, février 2010

Les débuts d’années sont propices aux rites divers et variés. Janvier 2010 n’a pas fait exception à la règle. Ici et là, les gouvernants (mais que gouvernent-ils ?) ont aligné les vœux — pieux, bien sûr, question de saison — à des citoyen-ne-s qui ne leur ont accordé qu’une bien molle attention. De Paris à Berlin, de Bruxelles à Londres, ce furent les litanies d’usage sur la reprise, peut-être un peu moins faiblarde que craint voici quelques semaines encore, le chômage qui s’aggrave et qui mérite toute l’attention nécessaire, les finances publiques courageusement obérées pour voler au secours des nantis et qu’il conviendra d’assainir au plus vite au nom du bien commun.

La crise ? La meilleure manière de la dompter serait donc encore de prier le Dieu marché libre et ses saints. Ainsi, si l’on voulait résumer, il s’agit une fois de plus de marier l’eau et le feu, une profonde soumission à l’arrogance du capital et un minimum d’attention aux besoins quotidiens des populations.

La crise, encore ? On aurait pu se dire, voici un an — et beaucoup l’ont dit — que le capitalisme débridé, la financiarisation suicidaire de l’économie, cela suffit ! Las, pour paraphraser Chateaubriand, on peut déjà affirmer que nos femmes et hommes de pouvoir « ne voient pas en avant, ils ne voient qu’en arrière ». Dans les rétros qui leur tiennent lieu d’œillères où ils lisent les versets d’une bible qui leur intime d’en revenir à l’ordre ancien. Celui qui, failli, démontre plus que jamais son inefficacité économique, son iniquité sociale et sa dangerosité pour un environnement en péril.

La crise, toujours ? Une bonne façon de la combattre est encore de la nier. Façon docteur Coué. Plus qu’une réalité chiffrable, elle serait un sentiment négatif, une sorte de mauvaise pensée. En France, un des conseillers de son élyséenne majesté a ainsi expliqué que « 90% des gens ont échappé à la crise, sauf psychologiquement ». Même discours ailleurs et en Belgique où nos ministres nous ont affirmé sans rire qu’on s’en est mieux tiré qu’ailleurs. Les peuples ? Si l’on comprend bien, ils compteraient une majorité de névrosés et quelques millions de victimes peut-être un peu responsables de leur situation. C’est sans doute ce qui justifie la chasse aux chômeurs, aux malades, aux salariés restructurables, aux exclus des banlieues-ghettos ou à tous ces indépendants qui explosent les chiffres des faillites.

Banal, normal

Bref, nous passons un mauvais moment, qu’« on » nous dit, une crise, c’est banal — d’ailleurs ne prolonge-t-elle pas ses effets depuis des décennies de dérégulation ? — et la reprise va suivre. Mais que les syndicats se mettent à jouer leur rôle et les pontes de la Fédération des Entreprises de Belgique, relayés par leur porte-voix politiques, étouffent d’indignation, proclament la compétitivité en danger dans la patrie capitaliste. Et vous expliquent dans la foulée que les dégraissages massifs dans les entreprises multinationales font partie du jeu normal du système. Que la désindustrialisation massive dans nos contrées et les délocalisations vers les Etats-ateliers s’inscrivent tout naturellement, tout comme la mise en concurrence des salariés à l’échelle mondiale, dans une globalisation bien comprise. Que la condition sine qua non de la création d’emplois passe par la maximisation du profit. Et que les chômeurs, souvent fils de chômeurs, parfois petits-fils de chômeurs, n’ont qu’à aller — quand ils ne sont pas tout simplement exclus — se « réactiver » dans des programmes ad hoc dont la puissante vacuité n’est plus à démontrer.

Telle est la vérité libérale. Que Maurice Allais, prix Nobel français d’économie, a traduit récemment en ces termes autrement plus évidents pour le commun des mortels : « La chienlit laisser-fairiste », c’est une guerre économique mondiale qui « enrichit les multinationales et les milieux boursiers et bancaires » alors qu’elle « appauvrit la majorité de la population française, mais aussi mondiale [1]. »

Vases communicants

C’est vrai, les choses ne vont pas mal pour tout le monde. Il convient d’adapter à l’économie, le principe des vases communicants. Les uns se gavent de ce que perdent les autres. Voyez les bénéfices des grandes banques, naguère au bord de la faillite. Voici quelques mois encore, les leaders du monde prêchaient en chœur : « Il ne peut y avoir d’économie sans morale. Les opinions n’accepteraient pas que le monde redevienne comme avant la crise. » Mais la morale n’a rien à voir là-dedans et tout continue comme si de rien n’était. Les institutions financières enregistrent d’excellents résultats en 2009 et calculent des bonus (primes versées aux traders en fonction des performances) en conséquence pour leurs traders. « Rien de plus logique : sauvés de la débâcle à l’automne 2008 par les Etats, les banquiers ont repris la main, empruntant de l’argent très bon marché aux banques centrales avant de le prêter nettement plus cher aux Etats pour financer leurs dettes, creusées par les plans de relance [2]. »

Aux quatre coins du monde riche, d’une banque à l’autre, le discours est euphorique : l’année dernière a été excellente grâce aux aides d’Etat. Les traders ont fait gagner beaucoup d’argent à leurs entreprises. Et les appels moralisateurs à la « modération » des dirigeants du G20 restent, comme prévu, sans effets. Aux Etats-Unis, les bonus accordés par les gros établissements, comme Citygroup, Bank of America, Goldman Sachs, JP Morgan Chase et Morgan Stanley, rejoindraient les niveaux atteints avant le choc financier. Chez Goldman Sachs, dix traders pourraient percevoir plus de 10 millions de dollars chacun. « La saison des grosses primes (...) va scandaliser le peuple américain », a averti la conseillère économique en chef du président Barack Obama, Cristina Romer.

Pourtant, l’exaspération des opinions est telle que les « décideurs » ne peuvent plus faire la sourde oreille. Et un drôle de jeu s’est engagé.

Au niveau de l’Union européenne, la Suède a avancé une proposition visant à créer une taxe sur les banques. Celle-ci sera discutée à la mi-avril, lors d’une réunion informelle des ministres des finances des Vingt-Sept. Mais Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, le forum de discussion des ministres des finances de la zone euro, a rappelé les Etats à l’ordre : la fiscalité reste du ressort national.

Mollement, en ordre dispersé

Les lignes bougent-elles sous l’effet de la rogne de l’opinion publique ? Bien plus que mollement. La proposition suédoise a contraint plusieurs « grands » pays, dont l’Allemagne à réagir. « Nous ne pouvons accepter une situation dans laquelle les banques refusent l’addition. Une (telle) taxe nous aiderait dans nos efforts de consolidation budgétaire, mais aussi pour renforcer la légitimité de nos mesures pour le secteur financier dans l’opinion publique » a noté le ministre des finances suédois Anders Borg.

Il reste que les Etats agissent en ordre dispersé pour tenter de mettre fin aux excès dans les banques. Les Pays-Bas ont décidé de diviser par trois les bonus versés par ABN Amro à ses traders et de plafonner les salaires des dirigeants de la banque nationalisée fin 2008, au plus fort de la crise. A Londres, la « super-taxe » sur les bonus avancée par un gouvernement travailliste aux abois est un échec, les banques, à quelques exceptions près, préférant payer plutôt que de réduire les primes et des mesures de contournement sont à l’étude, pour éluder la nouvelle taxe. Il suffirait de diviser en deux l’enveloppe de primes, avec un premier versement en mars et le second en janvier 2011... lorsque la taxe aura disparu. Et les contribuables britanniques se disent qu’ils ne reverront jamais revoir la couleur des livres publiques avancées au secteur bancaire.

Le volontarisme d’Obama

Aux Etats-Unis, le président Obama a annoncé un projet de taxation – « sur la responsabilité de la crise financière »- d’une cinquantaine de grandes banques afin de récupérer les fonds publics, (700 milliards de dollars ont été mis à la disposition des sociétés privées), dépensés lors du sauvetage du système financier, dénonçant au passage les primes « obscènes » que s’octroie Wall Street.

Censé s’appliquer aussi longtemps que nécessaire, cet impôt devrait permettre de récupérer jusqu’à 117 milliards de dollars (plus de 80 milliards d’euros), soit le montant maximal des pertes envisagées par le Trésor sur le plan de sauvetage du système financier. Mais rien n’est acquis. Les banques ont indiqué qu’elles feraient tout pour s’y opposer et la plupart des établissements majeurs, comme Goldman Sachs, Bank of America et JP Morgan, ont déjà remboursé les aides reçues. En surtout, il faudra qu’un Congrès travaillé par les lobbies suive Obama…

Certes, comme l’a dit le président, comme pour rassurer les (nombreux) hésitants : « « Cette année, Wall Street va distribuer davantage sous forme de bonus et de compensations diverses que le produit de cet impôt sur les dix prochaines années. » Mais les textes promis et destinés à encadrer Wall Street restent à écrire.

Parmi les autres mesures envisagées : la limitation de la taille des institutions financières. « Si ces gens veulent la bagarre, j’y suis prêt », a déclaré, martial, M. Obama. Aux républicains revanchards, il essaie ainsi de tendre un piège à quelques encablures des élections de « mid-term »( qui, le 2 novembre prochain, doit renouveler la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants et un tiers des 100 sièges du Sénat), et les positionner publiquement comme les défenseurs des « chats gras » - les banquiers et les financiers.

Oui mais… Les atermoiements du président et le climat morose mettent en danger le Parti démocrate qui ne bénéficie déjà plus de la majorité qualifiée au Sénat. Et, surtout peut-être, en 2008, les grosses sociétés financières ont financé la campagne d’Obama et attendent maintenant un « retour sur investissement ». Comme l’a résumé un journaliste américain : « Les démocrates sont placés devant un dilemme : peuvent-ils servir l’intérêt public sans mécontenter les banques qui financent leurs carrières [3]. » Et sans attendre, « Tous les juristes et les petits génies de Wall Street ne vont plus avoir qu’une obsession : comment se débarrasser de tout cela » a relayé le New York Times.

Et en Belgique ?

Les armées de lobbyistes du secteur bancaire sont sur le sentier de la guerre. La France, elle aussi, a prévu une taxe « exceptionnelle » — de 50% — sur les bonus dans les banques... Leur montant global des bonus devrait reculer, a promis le gouvernement, et les banques renforcer leurs fonds propres. Mais cela a déclenché des cris indignés contre une mesure « démagogique ». Pourtant, limitée à 2009 et d’un impact limité dans les faits, cette taxation ne devrait entamer les profits des banques que de 1 % et se révèle donc quasi indolore. Et les primes différées en 2010 et 2011 seront-elles concernées par cette mesure ?

À Paris comme ailleurs, on verra s’agiter les réseaux d’avocats, comptables ou conseillers spécialisés dans l’évasion fiscale, redoutablement efficaces dans le contournement légal de tels impôts. Et, le cas échéant, de surprenantes délocalisations. Des rumeurs enflent. Les américaines Goldman Sachs et JP Morgan envisageraient de déménager une partie de leurs activités de la City vers des cieux plus cléments.

Et en Belgique ? À la rentrée de septembre 2009, PS, CDH et MR semblaient touchés par la grâce. Tous, ils estimaient qu’un an après le « krach » financier, l’Etat, qui a creusé ses déficits pour porter secours aux établissements financiers (coût : 20 milliards d’euros), devrait les mettre à contribution pour combler une partie des immenses trous budgétaires. Il semblait y avoir toute une panoplie de possibilités : taxer les sicav, les plus-values boursières, les revenus définitivement taxés, harmoniser à la hausse les taux de précomptes mobiliers. Voire une cotisation spéciale de crise… En janvier, alors que les banques ont renoué avec les profits, ces belles intentions sont passées à la trappe. Il n’y a aucune raison pour que l’Etat lance une quelconque opération pour récupérer ses interventions, ont osé déclarer MM Reynders, ministre des Finances (MR), et Wathelet (CDH), ministre du Budget. Leurs collègues socialistes ont suivi sans moufter, sous la houlette d’un Elio Di Rupo qui sonne « l’alarme sociale » sans mettre la moindre proposition concrète et sérieuse sur la table. Pas question de toucher aux profits financiers quand la crise sociale exige pourtant d’énormes moyens.

L’eau et le feu

D’ailleurs, la Belgique se sort bien de la crise, notamment grâce aux mesures prises par le gouvernement, a déliré le Premier ministre. Pour Yves Leterme, le soutien aux entreprises doit se poursuivre. Et il a joliment annoncé dans la foulée qu’il faudra trouver un équilibre entre cet « effort » et le souci d’assainir les finances publiques. « Pour regagner la confiance, il faut trouver des solutions aux problèmes », a-t-il déclaré, prudhommesque. La confiance de qui ? « L’année 2010 sera celle de la reprise de la croissance pour la Belgique, mais celle durant laquelle l’impact de la crise sera le plus important sur le chômage », a confirmé Leterme. Tel est le cadre dans lequel les « interlocuteurs » sociaux sont invités à relancer le dialogue. Dialoguer. Quand des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires vont venir exploser les statistiques de l’ONEM. Alors que la reprise de la croissance financière se fait à coups de plans sociaux. Que pas une semaine ne passe sans l’annonce de nouvelles fermetures et « dégraissages » massifs de l’emploi, ce que le capitalisme et ses porte-voix appellent un assainissement naturel de l’économie afin de doper les cours de bourse ?

De son côté, la Commission européenne avait prévenu qu’elle allait « continuer de surveiller la situation ». Elle a tenu parole. La commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes, a ainsi lancé aux membres de l’Union que les gouvernements ne peuvent « pas affecter la liberté des constructeurs bénéficiant des aides de l’État ». En clair, il faut laisser aux multinationales la liberté totale de délocaliser, restructurer, fusionner en s’aidant des aides publiques financées avant tout par les contribuables. « Telle est la règle » répétait en substance le patron de la FEB voici quelques jours.

Face à une opinion publique de plus en plus ulcérée par les choix économiques et sociaux du gouvernement, face à des salariés qui doivent se serrer la ceinture (chômage total ou « économique », fermetures d’entreprises, « modération » salariale, etc.), nos ministres regardent ailleurs et approuvent. Telles sont les leçons d’économie politique que gouvernants et financiers assènent semaine après semaine.

Berezina de l’emploi

Mais voilà que la FGTB exige des réformes comme la réduction du temps de travail par la semaine de quatre jours, opération financée par une taxe sur les opérations boursières, la création d’une banque publique (il y a aujourd’hui 188 milliards d’euros sur les comptes d’épargne belges) pour financer l’activité productive, la suspension de la procédure « d’accompagnement » des chômeurs… Des revendications naturellement justifiées quand le moral de la population est en chute libre face à la vie chère et à la crainte de perdre son emploi [4].

Que le Bureau du Plan annonce près de 100 000 chômeurs de plus cette année. « Il y a quelques semaines, la Banque nationale estimait tout d’abord que 44 000 personnes vont perdre leur emploi en raison des restructurations qui s’annoncent. » Auxquels « vont s’ajouter un grand nombre de jeunes qui sortent de l’école et qui ne vont pas pouvoir s’insérer sur le marché de l’emploi [5]. » Alors ? Alors rien. Dans nos riches contrées, les finances publiques sont exsangues : pas de sous pour les urgences sociales.

Des deux côtés de l’Atlantique, c’est la Bérézina. Les Etats-Unis ont détruit 85 000 emplois en décembre 2009, a indiqué le département du travail américain. Le taux de chômage officiel et largement sous-évalué tourne autour des 10%. « En valeur absolue, le nombre des emplois détruits pendant l’année 2009 (4,6 millions) est le plus élevé dans les annales du département américain du travail, qui remontent à 1939 (…) En Europe aussi, la crise est loin d’être terminée. Selon les données rendues publiques vendredi 8 janvier par Eurostat, le chômage a atteint pour la première fois le seuil symbolique de 10 % de la population active dans la zone euro en novembre 2009 (…) La Commission européenne prévoit ainsi que le taux de chômage se situera à une moyenne de 10,7 % en 2010, pour atteindre 10,9 % en 2011 dans la zone euro, après 9,5 % en 2009 [6]. »

Le réveil des libéraux

Mais apparemment épuisés par les injections d’argent public au plus fort de la crise, les gouvernements et la Banque centrale européenne vont répétant que, comme l’exigent les règles d’or de l’Union, il est temps d’en revenir à de rudes cures d’austérité. Les pays de la zone euro se sont surendettés. Certains voient poindre, comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande ou l’Espagne, une menace de faillite. Les agences privées de notation comme Moody’s, Standards & Poor’s, Fitch Ratings, chargées de mesurer la fiabilité des acteurs du marché à honorer leurs dettes, s’en donnent à cœur joie. « Le message de ces vigies des marchés financiers, si laxistes et aveugles à l’égard des gros acteurs privés de la Bourse au moment du déclenchement de la crise, est cette fois (vis-à-vis des Etats. Ndlr) aussi clair qu’intransigeant : il faut déclencher des super plans d’austérité. Autrement dit : c’est aux peuples de se serrer la ceinture pour régler l’addition de la débâcle financière (…) commet le surendettement est général, même les pays de la zone euro qui restent mieux notés par les marchés n’échappent pas à la pression (…) La monnaie unique dont le mode de fonctionnement a été soumis intégralement à la dictature des marchés financiers est totalement ‘complice’ et n’offre donc pas — à l’inverse de ce que prétend toujours une certaine propagande — la moindre protection aux citoyens de la zone euro [7]. »

Un temps KO technique, les libéraux retrouvent toute leur morgue, (re)trouvant dans les déficits publics, fruit des libéralités des Etats au capital, prétexte à réduire ce qu’il y a de capacité d’intervention de la « puissance » publique.

Chômage massif, plans d’austérité, atteintes répétées, à la sécurité sociale, privatisations, une spéculation aveugle qui reprend de plus belle, gâchis de fonds publics : les multinationales et les grands pays capitalistes jettent de l’huile sur le feu de la crise et créent les conditions de nouvelles déflagrations encore plus graves. Un cocktail détonnant, une bombe sociale explosive. « Nous sommes en train de créer les conditions d’une énorme catastrophe. (…) La crise en est à son tout début. La sagesse financière traditionnelle dit que deux crises financières majeures ne peuvent se succéder. Je pense que nous allons voir le contraire se produire » a ainsi prophétisé Simon Johnson, ancien économiste en chef du FMI.


Les gagnants de la crise

« Les acquisitions flambent », titrait L’Echo début janvier. Le quotidien financier soulignait « les prédateurs sortent du bois et sont prêts à liquider une partie de leur matelas de cash pour saisir les bonnes opportunités ». Dans le même temps, on apprenait que, d’après les calculs du New York Stock Exchange (la bourse de New York), « la durée moyenne pendant laquelle une action reste aux mains du même propriétaire est passée de sept ans dans les années 1960 à sept mois à peine de nos jours. Selon les canons du capitalisme classique, le rôle du marché est d’allouer efficacement les ressources aux entreprises. Mais le concept fait doucement rire les courtiers d’aujourd’hui. [8] »

Dans de nombreux secteurs, le jeu des fusions et des acquisitions bat son plein. Dans les activités de minerai de fer, par exemple où les géants anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton, en négociation, pourraient former un « duopole » avec le leader brésilien Vale (32,8 % du marché). Et imposer ainsi leurs conditions aux activités en aval, comme la sidérurgie.

La même vague submerge, on le sait, l’automobile, le transport aérien, l’informatique ou…la banque.

Les établissements « too big to fail » (trop gros pour tomber) - ceux dont la faillite emporterait tout le système financier - ont été secourus par les Etats et les banques centrales, ce qui, contrairement à ce qui était officiellement espéré, leur ont permis de consolider leur position dominante. Au risque de provoquer une nouvelle crise en raison d’une cartellisation excessive des activités financières. Lors des trois derniers mois de 2009, les opérations de fusion-acquisition ont atteint 439 milliards d’euros dans le monde.

Pour justifier les regroupements sur des marchés de plus en plus mondialisés, les multinationales invoquent le coût des investissements en recherche et développement et la une baisse nécessaire des prix de revient. Au bout du compte, comme on le voit chaque jour en Belgique et ailleurs, ce sont les salariés qui trinquent.

[1« Lettre ouverte aux Français » par Maurice Allais. Publié par Marianne le 5 décembre 2010.

[2« Avatars financiers », par Gérard Courtois. Le Monde du 18 janvier 2010.

[3« Un président peut-il réformer les Etats-Unis ? » Le Monde diplomatique de janvier 2010.

[4« Chômage et inflation pèsent sur le moral ». Le Soir du 2 janvier 2010.

[5« Une des pires années sociales de l’après-guerre ». Ibidem.

[6« Malgré la reprise, le marché de l’emploi se dégrade des deux côtés de l’Atlantique ». Le Monde du 9 janvier 2010.

[7« Les pays de la zone euro au beau milieu de la tourmente ». L’Humanité du 17 décembre 2009.

[8« Londres redécouvre le patriotisme économique... et ses limites ». Le Monde du 14 janvier 2010.



Les commentaires des internautes

2 message2

Emploi en débandade : à qui profite la crise ?
posté le 10 janvier 2013 par Nicolas

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Emploi en débandade : à qui profite la crise ?
posté le 10 janvier 2013

Ce billet a simplement répondu à mes attentes. Je ne connaissais que très peu cette façon d’appréhender ce genre de problématique, j’ai l’impression que je vais pouvoir avancer sur mon projet perso. merci !. Mickael du site internet www.bankroll.fr


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