Le 10 novembre dernier, le président Sarkozy remettait la Légion d’honneur à Dany Boon. Qui n’est pas revenu
des propos présidentiels où pêle-mêle sa majesté élyséenne a ironisé sur l’ascendance kabyles de Dany Boon :
« Ça ne commençait pas terrible, faut bien reconnaître les choses ». Avant de moquer le « joli nom » de Dany
Boon, Daniel Hamidou pour l’état civil : « Ça s’aggravait de plus en plus… Allez faire une carrière avec ça. » Et
de définir pédagogiquement ce qu’est une belle réussite : « On n’a pas besoin de faire le faux intellectuel, on n’a
pas besoin de cracher dans la soupe, on n’a pas besoin d’appartenir à un courant de pensée soi-disant
obligatoire, (…) on n’a pas besoin de la ramener. » Une charge évidente contre la lauréate du Goncourt 2009,
Marie NDiaye, qui a osé critiquer vertement le sarkozisme, « son atmosphère de flicage et de vulgarité ».
Dérapages ? Oui, mais comme toujours soigneusement contrôlés. M. Sarkozy est en campagne – les régionales
approchent. Et ces outrances présidentielles, pour vulgaires qu’elles soient, s’inscrivent clairement dans cette
tactique dont il use et abuse à la veille de chaque scrutin : rassembler toute la droite jusqu’à son extrême, en
jouant de la carte populiste et faussement proche du peuple. D’où, les déclarations à l’emporte-pièce d’Hortefeux
sur les Arabes, la chasse aux sans-papiers, la criminalisation du mouvement social, l’opération sur « l’identité
nationale » parrainée par M. Besson …
Le président peut compter sur quelques séides pour en remettre. Comme le député UMP Eric Raoult qui a osé
appeler Marie Ndiaye au « devoir de réserve dû aux lauréats du prix Goncourt « (...) prix littéraire français le plus
prestigieux » en l’accusant de manquer de respect aux « ministres de la République et plus encore au chef de
l’Etat et aux institutions ». A la France quoi, avec laquelle Sarko se confond si volontiers.