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Prodi dans le chaudron italien : le retour du « professore »

par Maurice Magis, février 2005

La gauche italienne tente de se recomposer avant les législatives de 2006. C’est là une condition pour battre berlusconi. Des luttes d’appareils fragilisent l’exercice.

C’est la principale formation de centre-gauche qui a consacré Romano Prodi comme champion de l’opposition à Berlusconi. Voilà un ex-président de la Commission européenne adoubé par les « héritiers » (oh combien repentis…) du Parti communiste italien. Un chrétien centriste chargé de défier le « cavaliere », le condottiere de la droite dure… Les eaux de l’histoire empruntent parfois de curieux chenaux.

C’est dans un bel enthousiasme que le congrès des Démocrates de gauche (DS) a récemment apporté son soutien à l’homme qui ambitionne d’être le chef incontesté de toute l’opposition.

Les DS ont ainsi donné un élan concret à la fédération de l’Olivier qui regroupe quatre formations (outre les DS, la Marguerite, les Socialistes démocratiques et les Républicains indépendants). La campagne d’Italie de Prodi ne s’apparentera toutefois pas à un long fleuve tranquille. Sa légitimité a été mise en cause au sein même de la Marguerite, son propre parti. Il restera à fortifier les fondations de l’alliance de centre-gauche. Et s’assurer, plus à gauche, du côté des communistes, une entente électorale sans laquelle les rêves de victoire risquent de s’avérer bien utopiques.

« Cette fédération n’est pas seulement le noyau d’une force réformiste, mais un mouvement qui va vers l’avenir » qui veut « faire se relever le pays. » s’est exclamé Prodi. Selon les recettes classiquement libérales privilégiées lorsqu’il présidait la Commission ? Lorsqu’il avait confirmé ses intentions programmatiques au printemps 2003, les DS les avaient accueillies fraîchement. Avant d’en approuver aujourd’hui les grandes lignes. Il est vrai que, depuis, le projet de traité constitutionnel est apparu pour sanctifier les orientations ultra-libérales du processus européen. Et que toutes les composantes de l’Olivier sont de chauds partisans du texte.

Primaires à l’américaine

Reste à étendre le front aux verts et aux communistes. Certes, tous communient dans le rejet des politiques gouvernementales. Ce samedi 26 février, toute l’opposition s’est donné rendez-vous pour une manifestation nationale qui lancera la campagne pour les régionales des 3 et 4 avril. Là, les choses risquent de ne pas être simples. Car si le but est évident : battre Berlusconi, il s’agira de s’entendre sur des axes programmatiques forts de rupture avec le berlusconisme. Des axes qui tiendront compte des échecs passés du centre-gauche. Et il ne faudra pas trop tergiverser.

Déjà, dans son style si délicat, Berlusconi s’est mis à cogner sur cette gauche qui l’avait battu en 1996, avec, déjà, le « professore » Prodi à sa tête. La gauche ? « Misère, terreur et mort, sans programme, idées, idéaux » répète-t-il. L’opposition ? « Elle utilise encore les méthodes de lutte du vieux Parti communiste : railler, dénigrer, diaboliser, délégitimer… » Suave de la part d’un homme qui multiplie les casseroles judiciaires et…les lois pour se tirer d’affaires.

Vaste conglomérat allant de la droite à la gauche alternative, la « grande alliance démocratique (GAD) » drivée par Prodi ne se singularise pas sa cohésion politique. L’Olivier, lui-même, n’a peut-être pas la dureté du bois qui fait son symbole. Il a donc été décidé de dialoguer avec la « société civile » pour les points de programme. Et histoire de bien montrer que l’on veut associer les Italiens aux choix politiques, des « primaires » à l’américaine ont été prévues. Du show ? Pourquoi une primaire au plan national en mai — où Prodi affrontera le leader de Refondation, Bertinotti — si le candidat commun est déjà connu ? D’autre part, au niveau régional, c’est un candidat de…Refondation communiste qui a très largement remporté la première consultation de ce genre, dans les Pouilles. Embêtant, cela, vu des branches de l’Olivier. Et de quoi raviver les tensions au sein de l’Olivier. Prodi gardera-t-il la main jusqu’au bout ?



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