Le débat sur la liberté a tendance aujourd’hui à se focaliser sur des questions morales et sociétales,
telles la liberté de culte et la présence des signes religieux dans l’espace public, la liberté de mettre fin
à ses jours (la mort médicalement assistée) et celle de recourir à l’avortement, ou encore la liberté
sexuelle et les droits afférents comme le mariage ou l’adoption pour les personnes homosexuelles. Ces
questions ont toute leur importance qu’il ne s’agit pas ici de contester. Force est cependant de constater
qu’elles occupent aujourd’hui une position centrale du débat sur la liberté, occultant tout débat sur une
autre forme de liberté, forme que l’on pourrait qualifier de consubstantielle à l’histoire du mouvement
ouvrier, qui est la liberté matérielle, moteur de l’émancipation dont dépend directement l’accès à toute
une série de droits (accès au savoir et à l’éducation, au loisir, à une nourriture saine, aux soins de santé,
au logement…). Cette liberté, la gauche social-démocrate a progressivement renoncé à la revendiquer
pleinement.