Nous avons abordé dans une précédente réflexion la question d’une « gauche en déshérence idéologique » face
à la « valeur travail ». Une gauche socialiste qui, délaissant les exigences réformatrices qu’appelle toujours le
conflit capital-travail, laisse le champ libre aux forces conservatrices. Et une gauche qui se dit volontiers
« alternative », que d’aucuns qualifient de « radicale », mais qui, prise en défaut devant les mutations
technologiques, économiques et socioculturelles, manifeste surtout une grande impuissance à agir dans le
champ du réel. Ces deux gauches, telles qu’elles se sont historiquement construites, sont en délicatesse avec les
opinions. Avec le « mouvement social ». Parfois, en débandade. Soit parce que, comme la majeure partie de la
social-démocratie, elle fait siens les dogmes par lesquels le libéralisme étend sa domination. Soit, et c’est
souvent lié, parce qu’elle subit de sévères sanctions électorales (mais nous parlerons ici de l’Europe, d’évolutions
électorales, donc quantifiables et tangibles. La donne est différente à bien des égards sur les autres continents,
singulièrement l’Amérique latine).