La négociation s’est déroulée comme toujours dans les hautes sphères européennes où l’on cultive si volontiers
l’art des arrangements entre amis. En moins d’une heure, réunis au chaud autour d’une table accueillante, toutes
portes et fenêtres fermées, les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept ont fixé leurs choix communs
pour deux postes créés par le traité de Lisbonne. Voilà dont Herman Van Rompuy, (Van Rompouille, en français
parisien) président du Conseil européen. Et la baronne Catherine Ashton of Upholland, haute-représentante de
l’Union à la politique étrangère et de sécurité. Pour faire simple, chef de la diplomatie. Quelques caucus,
quelques rencontres en coulisses et tout était ficelé entre la poire et fromage.
« Le débat institutionnel est clos pour une longue période », s’est empressé d’affirmer Herman Van Rompuy,
apparemment soulagé et qui, Premier ministre, n’aurait pu en dire autant en ce qui concerne notre joli royaume.
Le passage en force des gouvernements coalisés de l’Union sur le traité de Lisbonne autorise, en effet, nos élites
à ne plus se tracasser avec une quelconque réorientation de l’UE, alors qu’une crise sans précédent la fait
trembler sur ses bases fragiles. Alors, aussi, que 57 % des électeurs se sont abstenus en juin dernier, lors des
élections européennes.
Le moment n’est donc pas à faire des vagues. Pourtant, le mode de désignation des deux porte-voix de l’Europe
est éminemment critiquable. L’une des candidates à la présidence du Conseil, la Lettone Vaira Vike-Freiberga, -
au demeurant, cette libérale était favorable à la guerre en Irak - a parlé d’une Union qui « fonctionne comme
l’Union soviétique ». Le flegmatique Van Rompuy a rétorqué qu’il avait été désigné par des « chefs de
gouvernement élus (sic) démocratiquement », selon une procédure ratifiée « de manière démocratique (re-sic) »
par 27 États dont les peuples n’ont pas été consultés.