Barack Obama a-t-il lancé le compte à rebours de la fin du conflit ? Ou a-t-il choisi l’escalade, tout comme le
président Johnson en 1965 au Vietnam, au lieu de préparer une stratégie de sortie convaincante du bourbier
afghan ? Sans doute est-il opportun de se souvenir d’abord que le successeur de George Bush a clairement dit
durant sa campagne électorale qu’il poursuivrait la guerre en Afghanistan. Beaucoup d’électeurs cherchaient
tellement le changement qu’ils ont choisi d’ignorer cette promesse. Mais ceux qui ont nominé Obama comme
champion du Parti démocrate savaient exactement quelle était sa position et ce qu’elle impliquait. Il a certes été
élu sur la promesse d’un retrait rapide du front afghan. Mais une fois la victoire acquise. La quadrature du cercle.
Car la stratégie de Washington ressemble furieusement à un aveu d’impuissance, à la reconnaissance que le
binôme triomphe militaire-retour des boys au pays est un leurre. Toujours plus de marines, plus de millions de
dollars pour en finir plus vite ? C’est ce genre de pari qui a mené tout droit dans l’impasse indochinoise.
Comment, dès lors, convaincre un pays démobilisé et inquiet ? Un électorat démocrate qui, aux deux tiers,
estime que la guerre ne vaut pas la peine d’être menée ? Moins d’un an après sa prise de fonctions, le président
américain a pourtant décidé pour la deuxième fois d’envoyer des renforts en Afghanistan, malgré la situation de
l’emploi aux Etats-Unis et un déficit public qui devrait atteindre 1 500 milliards de dollars en 2010. Et ce faisant, il
a pris consciemment le risque de mécontenter beaucoup de monde, lui qui joue si volontiers de son charme et
des techniques modernes de communication pour enjôler les citoyens-électeurs mais se retrouve déjà en chute
libre dans les sondages.
- Afghanistan : quand un Nobel de la paix fait la guerre !
