Mise sous pression par le capitalisme financiarisé, la société civile prend progressivement conscience de la nécessité de la convergence des luttes. En parallèle, la question de l’islamophobie fracture en profondeur toutes les familles politiques, mais c’est à gauche que cela fait le plus mal ; les causes progressistes ne parviennent pas toujours à intégrer ces nouvelles formes de racisme, de discrimination et d’exploitation à leurs logiciels. Avec pour effet concret – et pervers –, de voir des partis ou des groupes historiquement du côté des dominés se ranger du côté des dominants sous prétexte d’émancipation et de libération.
Comment penser la convergence des luttes dans un tel contexte ? Chaque combat (féminisme, syndicalisme, antiracisme, écologie, santé…) ayant ses modes opératoires spécifiques, comment réarticuler un progressisme inclusif et émancipateur qui permette d’analyser les voies anciennes et nouvelles de domination, leurs interactions complexes ?
Par Michaël Privot, islamologue et Président de European Network Against Racism (ENAR)