« L’Europe subit une crise financière, économique et sociale sans précédent. Une accélération générale des
plans d’austérité aurait pour conséquence de remettre en cause le peu de croissance qui existe aujourd’hui sur
notre continent et détruirait des millions d’emplois supplémentaires. Car rien de solide et de soutenable dans
l’avenir ne se fera sans rechercher les conditions d’un retour à la croissance à travers une politique budgétaire
riche en investissements matériels et immatériels et capable de maintenir un système de protection sociale et de
santé solide. Nous devons sortir de cette crise par le haut, et non en démantelant nos systèmes sociaux et en
créant davantage de chômage » notaient récemment dans un tribune du Monde une série d’eurodéputés socialistes,
dont la Belge Véronique de Keyser.
On ne peut pas dire qu’ils ont pour l’heure été entendus. Y compris par leurs pairs lorsqu’ils participent au pouvoir.
A la mi-juin, les dirigeants européens ont adopté la stratégie « d’emploi et de croissance », dite Europe
2020. Une resucée de la stratégie de Lisbonne, adoptée en 2000 et qui a largement justifié les politiques libérales
imposées aux Etats depuis une décennie. Il s’agirait de viser une « croissance intelligente » en dépensant 3 % du
PIB en recherche et développement, une « croissance durable » en repeignant en vert les politiques d’inspiration
libérale, et une « croissance inclusive ». Et de réduire la pauvreté. Les pauvres ? Ils sont 84 millions aujourd’hui.
Il s’agirait de réduire ce chiffre de 20 millions. Comment ? Par la remise au travail des chômeurs par des mesures
contraignantes au détriment des droits acquis et des salaires. « Vous avez vu quelque chose sur les services
publics dans la stratégie ? » a demandé la présidente de la Fédération européenne des syndicats de services
publics, Anne-Marie Perret. Car il n’est pas question de revenir sur les mesures de privatisation des outils publics.
« C’est une véritable paupérisation qui est organisée », a noté la syndicaliste. « On tape sur ce qui a amorti
la crise et permis de retrouver de la croissance. » Les services publics « forment les cerveaux de demain, permettent
d’avoir des travailleurs en bonne santé, et de délivrer des services à moindre coûts ».